Origines et histoire
Le Yi Jin Jing (易筋經) trouve ses origines au temple Shaolin, où selon la tradition, Bodhidharma (P’u-t’i-ta-mo) l’aurait introduit à partir de l’an 526. L’histoire raconte que, constatant l’état de faiblesse physique des moines qui passaient de longues heures en méditation, il développa cette série d’exercices pour renforcer leur corps et leur esprit.
Cette pratique fut ensuite transmise par son disciple Huike (Houei’ko, 487-593), puis se perpétua jusqu’à l’époque des Song (960-1279). À l’origine, ces exercices étaient destinés à « guérir les maladies et prolonger la vie ». Bien que les historiens modernes débattent de cette attribution directe à Bodhidharma, le Yi Jin Jing demeure l’un des systèmes les plus efficaces du qigong, particulièrement apprécié tant pour la santé que pour les arts martiaux.
Les douze mouvements traditionnels
1-3. Wei tuo présente le jingang (vajra)
- Un mouvement en trois phases distinctes
- Wei tuo est un bodhisattva protecteur du dharma (enseignement du Bouddha)
- Le jingang (vajra) symbolise à la fois la foudre et le diamant, représentant l’union des mondes phénoménal et nouménal
- Cueillir une étoile et la faire tourner
- Tirer la queue des neuf bœufs
- Ouvrir ses ailes et pousser une montagne
- Les neuf cavaliers fantômes dégainent leur sabre
- Descendre les trois portes vers la terre
- Le dragon noir montre ses griffes
- Le tigre bondit sur sa proie
- Battre le tambour céleste
- Remuer la tête et la queue
Principes fondamentaux de la pratique
La pratique du Yi Jin Jing repose sur cinq règles essentielles :
- La tranquillité
- L’esprit doit être calme comme un lac reflétant la lune
- Cette quiétude permet une circulation optimale de l’énergie
- La lenteur
- Exécution lente et rythmée des mouvements
- Permet le contrôle de l’alignement et de l’unité musculaire
- L’élongation
- Chaque mouvement doit atteindre son extension maximale
- Travail en effort musculaire excentrique
- La pause
- Maintien des positions pour maximiser les effets
- Temps de stabilisation dans les postures
- La flexibilité
- Étirement global et unitaire
- Favorise la circulation du sang et de l’énergie
Bienfaits de la pratique
Sur le plan physique
- Amélioration de la force et de la souplesse
- Développement harmonieux de la musculature
- Renforcement des tendons et des ligaments
- Optimisation des capacités articulaires
Sur le plan énergétique
- Stimulation de la circulation du qi
- Régulation des fonctions organiques
- Augmentation de la vitalité générale
Sur le plan martial
- Développement de qualités explosives
- Amélioration de la coordination
- Renforcement de la structure interne
Particularité historique et culturelle
Souvent appelé « le qigong des paysans », le Yi Jin Jing s’est popularisé au-delà des murs du temple Shaolin pour devenir une pratique accessible à tous, tout en conservant sa profondeur et son efficacité. Cette démocratisation n’a pas diminué sa valeur thérapeutique et martiale, au contraire, elle a permis de prouver son adaptabilité et son universalité.
Applications contemporaines
Aujourd’hui, le Yi Jin Jing trouve sa place dans différents contextes :
- Préparation physique des artistes martiaux
- Pratique thérapeutique
- Maintien de la santé
- Développement personnel
Conclusion
Le Yi Jin Jing représente un héritage précieux de la culture chinoise. Sa pratique offre une approche sophistiquée du développement corporel et énergétique, combinant travail physique et cultivation interne. Bien que ses origines précises fassent l’objet de débats académiques, son efficacité et sa pertinence continuent de se vérifier dans la pratique contemporaine.